Terrible douleur est la nouvelle qui étreint, depuis le 18 décembre 2024, le monde associatif sénégalais et de la diaspora. Fatou Aïssata Sall, la présidente de l’association Sene Asso, s’en est allée, brutalement, lors d’une tournée solidaire, à Dakar. Elle n’avait que 36 ans. Elle n’est pas partie n’importe comment. C’est au milieu des enfants démunis, à la pouponnière, dans les écoles coraniques que son âme est allée rejoindre les astres. Une ironie tragique pour celle qui incarnait la lumière discrète mais persistante de l’engagement social.
Fatou Sall, une bonté sans frontières
Fatou Sall n’appartenait pas à ces bienfaitrices médiatisées qui crèvent l’écran et dont la charité se donnait en spectacle. Résidant à Paris depuis son enfance, elle n’avait jamais cessé – douloureux passé – de tisser des ponts entre la France et le Sénégal. Elle n’avait qu’une devise, « aider sans attendre de retour », et ce credo animait sa passion. Elle donnait de la joie aux pauvres, aux oubliés, aux migrants errant dans Paris. C’étaient ses protégés. Paris, elle la connaissait ; puisque Paris l’avait vue grandir. Pourtant, le Sénégal n’était pas une nostalgie pour elle. Aussi a-t-elle fondé Sene Asso en 2016 afin de venir en aide aux étudiants sénégalais nouvellement arrivés en France. L’association s’élargit et s’attaque aux problématiques sociales et humanitaires sénégalaises. Depuis 2019, elle avait initié la Tournée Solidaire de Sene Asso afin de mobiliser des fonds visant à soutenir les structures d’accueil pour enfants, les établissements scolaires et les centres religieux.
Des femmes, comme on en voit plus
Après avoir travaillé pendant 20 ans dans le secteur du tourisme, Fatou Sall avait réussi sa reconversion professionnelle. Elle était directrice des achats et des relations fournisseurs dans une entreprise d’ameublement en France depuis 2022. Malgré toute cette charge de travail, elle arrivait à concilier vie personnelle, activités professionnelles et associatives. Toujours simple. Toujours vêtu d’un sourire franc et dans ce sourire, percevait l’inquiétude qu’elle se faisait pour les autres, mettant ses propres difficultés en sourdine. Et, étant à la tête de Sene Asso, ce n’était pas les sollicitations qui manquaient. Ndiaga Fall, l’un de ses proches collaborateurs, témoigne : « Elle était très disponible et dévouée. Nous saluons véritablement son esprit de solidarité ». C’est rare de voir toute la chaîne d’amour qui se déploie autour de Fatou Sall.
Pudeur et dévouement, modèle de leadership féminin
Fatou Sall n’avait pas peur des combats. Elle était de tous les fronts associatifs. Cependant, et cela peut paraître paradoxal s’agissait d’une femme qui s’affirme, elle avait cette retenue pudique. Jamais un mot plus haut que l’autre. Son esprit de management en tant que présidente de l’association Sene Asso auréole son âme encielée. À ses amis et proches, elle leur confiait souvent : « Le principal défi est de concilier vie personnelle, professionnelle et associative. Mais grâce à ma personnalité et mon expérience, diriger Sene Asso est plutôt aisé ». Son partenaire de travail depuis quatre ans, Aladji Gora Pene, résume leur collaboration par deux mots : « Respect et admiration » et Il témoigne : « Fatou était méthodique, organisée, rigoureuse. Elle a fait de nous tous des Fatou prêts à conseiller, orienter et prendre les meilleures décisions ». Il faut du coffre pour devenir un acteur majeur de la solidarité franco-sénégalaise. Et, Fatou Sall l’avait. Incontestablement.
L’engagement vrai, un héritage impérissable
Ce départ, brusque, est un séisme silencieux. Une faille qu’il sera difficile de combler. Ce décès, personne ne l’a vu venir, puisque derniere publication sur Facebook date d’à peine quelques jours. Et pourtant, quelque part, elle le pressentait. Elle a pris soin de laisser derrière elle des recommandations, des plans pour l’avenir de Sene Asso, comme un soldat qui, en partance pour le front, prépare sa famille à sa perte. Sene Asso promet de continuer les actions initiées par sa présidente. Fatou Sall n’a jamais cherché la lumière. Et quand son moment est arrivé, elle a su s’éclipser. Elle laisse un héritage, et une manière de pratiquer la vie associative. Un lien et un numéro de téléphone ont aussi été mis en place afin d’aider la famille à traverser cette épreuve. Comme quoi l’esprit de solidarité prôné par Fatou Sall brille encore. Désormais, elle repose au cimetière de Yoff au Sénégal.
Source : Ze-Africanews / Par Bamba Siaka Doh Ouattara






