À l’occasion du 3e Congrès du Mouvement international russophile (MIR), tenu à Moscou le 12 décembre 2025, le Sénégalais Dr. Souleymane Anta Ndiaye a livré un plaidoyer empreint de franchise et de détermination. Dressant un bilan sans concession des premières années du mouvement, il a pointé du doigt les lacunes organisationnelles qui ont freiné les ambitions initiales, suscitant parfois la frustration des partenaires africains. Loin de s’arrêter aux critiques, le Dr. Ndiaye a appelé à une refondation profonde de cette plateforme pour en faire un véritable levier de dialogue humaniste et de coopération culturelle. Affirmant le rôle pivot de l’Afrique dans ce renouveau, il exhorte le MIR à dépasser les clivages politiques pour bâtir des ponts concrets entre la Russie et le reste du monde.
Voici le discours prononcé par Dr.Souleymane Anta Ndiaye du Sénégal, lors du 3e Congrès du Mouvement international russophile, le 12 décembre 2025 :
Chers amis, c’est avec une immense fierté, une grande joie et un profond sens des responsabilités que je m’adresse à vous aujourd’hui à Moscou, ville à la culture séculaire et lieu de rencontres historiques entre les peuples. Nous sommes réunis ici car, en février 2023, lors de la fondation du Mouvement International Russophile (MIR), nous avons fait un choix audacieux : celui de croire que le dialogue entre les nations est possible, la compréhension mutuelle nécessaire et la paix atteignable lorsque les personnes de bonne volonté unissent leurs forces.
Le Mouvement International Russophile est né d’un rêve : bâtir des ponts culturels entre la Russie et le reste du monde, notamment avec les peuples qui, comme en Afrique, voient dans cette coopération une chance de construire un avenir ouvert, juste et harmonieux. Nous envisagions ce mouvement comme un espace unique pour renforcer le respect mutuel, défendre les valeurs éthiques et promouvoir une vision humaniste qui rejette la division. Cependant, soyons honnêtes et objectifs : le Mouvement n’a pas encore pleinement réalisé le potentiel que nous lui avions attribué.
Des difficultés organisationnelles, un manque de coordination et, parfois, une absence de leadership ont freiné l’élan que beaucoup d’entre nous nourrissaient en ce projet. Pour nombre d’Africains qui y ont cru, il est devenu source de frustration. Mais je ne suis pas là aujourd’hui pour regretter le passé ni pour chercher des coupables. Je suis ici pour raviver la flamme qui nous animait, pour vous rappeler pourquoi nous sommes tous réunis et pour affirmer avec conviction que le Mouvement Russophile International peut et doit redevenir une force majeure pour rapprocher les peuples.
Le monde traverse aujourd’hui une période difficile. Les malentendus se multiplient, les divisions s’accroissent et les points de vue s’affrontent. Dans ce contexte, notre rôle est plus important que jamais. Le Mouvement a la responsabilité, voire la mission, de proposer une autre voie : celle du respect mutuel, de la coopération culturelle et du rejet de l’hostilité. Pour que cela devienne réalité, une nouvelle étape de développement est nécessaire. Nous avons besoin d’un mouvement plus organisé, plus cohérent, plus ouvert. Un mouvement à l’écoute de ses membres, qui valorise les initiatives locales et place l’humain au cœur de tous ses projets. Un mouvement doté de véritables outils pour atteindre ses objectifs : programmes éducatifs, échanges culturels, plateformes de dialogue, initiatives jeunesse et projets de consolidation de la paix.
Nous, Africains, sommes prêts à contribuer à ce processus de renouveau. Nous sommes prêts à y apporter notre énergie, notre créativité, notre vision de solidarité et d’humanisme. Nous sommes profondément convaincus que la coopération entre l’Afrique, la Russie et le reste du monde peut devenir l’une des grandes forces culturelles du XXIe siècle. Chers amis, l’histoire n’est pas écrite d’avance. Le mouvement n’est pas condamné à l’inaction ; il est appelé à se réveiller.
Aujourd’hui, je propose de transformer la déception en détermination, les difficultés en opportunités et l’espoir en actions concrètes. Le Mouvement International Russophile peut redevenir ce que nous souhaitions : un mouvement pour la paix, la dignité et le dialogue entre les nations. Un mouvement qui ne se contente pas de parler de fraternité, mais qui la construit au quotidien, dans le respect des cultures et dans la conviction que l’être humain doit être au-dessus des clivages politiques.
Faisons en sorte que, lorsque nous nous réunirons à nouveau ici à Moscou, ou n’importe où ailleurs dans le monde, nous puissions dire avec fierté : Oui, nous étions au sommet de notre mission ; Oui, le mouvement a retrouvé son chemin ; Oui, nous avons rapproché les nations les unes des autres.
Je vous remercie!
