samedi 22 novembre 2025
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SÉNÉGAL – Ndary Diouf illumine avec “Gudi”

Dans “Gudi”, son premier album aussi intimiste que engagé, le chanteur et compositeur sénégalais Ndary Diouf explore les paradoxes de la nuit, cet espace à la fois refuge et théâtre de toutes les contradictions humaines. Une entrée en matière inspirée pour un artiste qui, depuis Richard-Toll, trace sa route entre folk, mbalax, funk et poésie de l’ombre.

Ndary Diouf : un début pas lisse
Né à Richard-Toll en 1990, Ndary Diouf est un autodidacte que la musique a sauvé d’un destin tracé. Fils d’un tailleur qui rêvait d’un avenir modeste pour son fils, le jeune homme a très tôt commencé à chanter, loin des regards. À treize ans, il rafle son premier prix lors d’un concours régional. Puis les victoires s’enchaînent : “Voix d’or”, “Tundou Dior”. Mais son parcours n’a rien d’une ascension lisse. Aussi, en 2018, un accident de la route met un frein brutal à sa carrière alors qu’il devait représenter la région de Saint-Louis au Fesnac. Dans cet accident, il perd un ami cher, Khabane Thiam, pianiste de jazz. Le deuil s’inscrit en filigrane dans son œuvre, discret mais omniprésent.

Ndary Diouf : une des têtes d’affiche du FIGAS
Ndary Diouf est l’une des têtes d’affiche du FIGAS – Festival International de la Gastronomie, des Arts et de la Scène. Quand il parle de son “Gudi”, il dit : “ J’ai choisi ce titre, Gudi, parce que la nuit me parle. Elle me conseille, m’inspire. C’est dans son silence que j’écris. Mais c’est aussi un moment d’errance, de sortilèges.” Cet album produit par G-mole Prod, un label sénégalo-suisse fondé par le producteur Cheikh Gaye, est un carnet de veille. Un recueil de neuf titres – Dekendo, Kasso, École, Khabane Thiam, Wadiour… – qui balancent entre introspection mélodique et coups de griffes sociétaux. Il faut noter que Ndary Diouf a été à cinq reprises “Voix d’or” de Saint-Louis.

“Gudi” : une voix qui trouble les silences
“Gudi” parle d’amour et de nostalgie. Mais, il va plus loin puisqu’il parle des choses avec une certaine profondeur, une certaine précision qui touche le mélomane. Sur des arrangements où la pop afro se mêle aux pulsations mbalax, Ndary esquisse des portraits, des blessures, des luttes. En filigrane, un engagement : celui de donner voix à ceux qu’on n’écoute pas. “Je veux porter des causes marginales, faire entendre l’invisible”, confie-t-il. Par ailleurs, son timbre de voix, à la fois souple et grave, rappelle à la fois celle des griots et la rugosité du blues. Il n’est donc pas étonnant que l’artiste ait déjà partagé la scène avec des piliers comme Oumar Pène, Fata El Presidente ou encore Habib Koité. Mais au-delà des parrains, ce qui frappe chez lui, c’est cette foi obstinée en la musique comme levier de conscience.

“Gudy” : une veille nocturne
Récemment, Ndary a prêté sa voix au morceau Seuyou Djolof, du chanteur Tex LBK, une chronique musicale lucide sur les échecs conjugaux. Un texte, né d’une expérience photographique du mariage, est l’occasion pour Ndary de provoquer, de chercher à réveiller. Dans “Gudi”, il parle de la nuit comme d’un moment poétique. C’est celle des mystiques nocturnes, des désirs inavoués, des rancunes tues. “Gudi” est à la fois veillée funèbre et promesse d’aurore. Il y a du Salif Keïta, du Lokua Kanza, mais surtout du Ndary Diouf. Une sincérité nue, presque brutale, adoucie par un groove métissé. Ndary Diouf a réussi, avec un premier album, à imposer sa singularité dans un paysage musical souvent saturé de convenu. Il prouve qu’on peut parler d’amour et de société sans céder à la facilité. Et surtout, que la nuit – même sépulcrale – peut devenir source de lumière.

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